"Parole, parole" chantait Dalida face aux promesses de son amoureux...
Lors de notre entretien du 14 mars 2007, JF.Rial, Président de Voyageurs du Monde a exposé à mon associé Christian Bodier et moi-même sa position d'acteur du tourisme responsable et solidaire : chez VDM, les valeurs sociétales et les exigences éthiques sont au coeur des réflexions et actions du Groupe depuis longtemps.
Face aux deux problèmes cruciaux dans le monde que sont aujourd'hui le sous-développement et le réchauffement climatique, ce patron citoyen et enthousiaste affirme haut et fort que la responsabilité d'une entreprise de voyage est double : économique et humaine. "Ce sont les actes qui comptent".
Si vous ne pouvez pas annuler les émissions de CO² liées à votre voyage en avion, vous pouvez décider de "compenser" c'est-à-dire de participer volontairement à hauteur du coût de son émission de CO² à des projets de développement solidaire visant à minimiser les émissions de CO2.
Depuis janvier 2007, le tour-opérateur Voyageurs du Monde, déjà engagé dans le Tourisme responsable avec l'Association ATR, compense toutes les émissions de CO² liées aux déplacements professionnels aériens de ses collaborateurs.
Dans la même optique, VDM proposait à ses clients la compensation volontaire et le règlement sur le site de l'association CO² Solidaire, partenaire du voyagiste, de quelques dizaines d'euros supplémentaires.
Las. Le volontariat ne fait pas recette. De la bonne intention louable au passage à l'acte, il y a un fossé que peu de clients sont prêts à franchir comme le supposait déjà JF.Rial lors de notre entrevue de mars 2007 alors qu'il semble que le Développement Durable et la protection de l'Environnement soient des sujets majeurs de société pour la plupart de nos concitoyens :" Qu'êtes-vous prêt à sacrifier pour vos idées? "
Aujourd'hui JF. Rial ne cache pas sa déception: "Nos clients se sont dits particulièrement intéressés par le fait que cette compensation leur soit proposée, notre partenaire CO² solidaire a connu un réel accroissement de visiteurs sur son site, mais lorsqu'il s'agit de payer réellement le coût du CO² émis par son voyage, moins de 1% de nos clients l'a fait". La compensation volontaire est donc un échec total.
Voyageurs du Monde a donc pris la décision d'intégrer une taxe CO² dans le coût global de ses voyages depuis le 14 avril.
Cette compensation systématique équivaut à un coût environnemental :
- d'un quart de tonne d'équivalent CO² pour un itinéraire aérien et terrestre court courrier en Europe ou au Maroc, soit 5 euros( 1% du prix d'un forfait moyen courrier de 500 euros)
- et d'une demi-tonne pour reste du monde, soit 10 euros à la charge du client ( 0,5% du prix d'un forfait long courrier de 2 000 euros).
Cette contribution, prise en compte dans les prix de vente, représente 20% du total des émissions de CO² des voyages vendus par VDM. L'entreprise applique donc les objectifs proposés par le plan Climat de l'Union Européenne, à savoir 20% de réduction des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2020.
JF. Rial précise : "Ce coût est maintenant intégré, nos clients n'ont plus le choix...Mais je suis persuadé qu'il n'y aura aucun impact commercial pour nous." De toute façon, "dans pas longtemps, tout achat aura un prix "CO²". Je préfère donc anticiper".
Le budget global de cette "taxe CO2" devrait atteindre 400.000 euros par an, "dont une petite partie sera financée sur nos marges", a poursuivi M. Rial. Son produit sera affecté à un projet de reforestation à Madagascar ou au Cambodge, opérationnel en 2009.
Actuellement, cette mesure ne concerne que VDM. Quand les autres marques du Groupe - Terres d'Aventure, Comptoir des Voyages, Déserts et Nomade -"à moyen terme" s'y mettront, le TO visera 800 000 euros par an.
D'après un sondage du 1er trimestre 2007du ministère des Affaires étrangères, 7 Français sur 10 se disaient concernés par les problèmes d'éthique et près d'1 sur 2 se disait prêt à payer plus pour des voyages solidaires ou respectueux de l'Environnement.
Qu'en est-il réellement ? JF.Rial apporte une réponse née de son expérience de voyagiste. "Ce sont les actes qui comptent " comme lui-même le relève.
La question reste la même depuis mon entretien avec JF. Rial :
Pour passer de la prise de conscience écologique et citoyenne aux actes concrets de consom'acteur responsable - est responsable celui qui répond de ses actes - faudra-t-il attendre une génération ?