Sur le point de prendre l'avion ? Pressé de franchir la frontière ? Volontaire pour lever les deux mains ? Ou plutôt ... 8 doigts ...Alors OK, passez !
Un peu flou pour vous ? D'accord, je vais vous éclairer.
En fait, le Ministère de l'Intérieur vient de créer le fichier Parafes - Passage Automatisé Rapide aux Frontières Extérieures Schengen - pour accélérer le passage aux frontières.
Lors de sa visite à l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle le 20 avril 2006, Nicolas Sarkozy, Ministre de l'Intérieur, a présenté cette mesure qui s'incrit dans le cadre de la sûreté aéroportuaire face à la menace terroriste : " Ce nouveau système...permettra d'envisager l'abandon du contrôle des passagers auprès des fichiers de police par criblage au profit du contrôle direct, à l'image de ce qui se fait pour le contrôle habituel, et avec l'utilisation de la donnée biométrique comme garantie d'authenfication...Le contrôle automatique de certains passagers permet de mieux employer les policiers, de les recentrer sur les vols sensibles et d'accroître notre efficacité".
Comment ? En intégrant dans un seul et même fichier les données biométriques des voyageurs permettant ainsi d'automatiser les contrôles. Etabli sur la base du volontariat, il comprendra des données à caractère personnel sur les voyageurs aériens :
- les empreintes digitales de huit doigts
- l'état civil et le lieu de naissance
- la nationalité et l'adresse du volontaire.
L'objectif est clair : "améliorer le contrôle de la Police aux frontières (Paf) et faciliter, pour le voyageur, un passage automatisé rapide des frontières extérieures " de l'espace Schengen en utilisant un sas particulier.
Plus la peine de s'arrêter pour présenter ses documents d'identité. Le volontaire franchit la première porte, place la bande magnétique de son passeport dans un lecteur adéquat, fait lire à un scanner dédié les empreintes de huit doigts. Au fait pourquoi pas les 10 ? Les informations recoupées par le système, qui vérifie également que la personne identifiée n'est pas recherchée via le fichier central détenue par les autorités, le volontaire est autorisé à passer, la deuxième porte du sas s'ouvre.
A qui s'adresse se programme ?
- à tout citoyen majeur de l'Union européenne, ou à toute personne qui y réside sous réserve de certaines conditions
- qui possède un passeport doté d'une bande de lecture optique
- et qui est volontaire.
Ce système est destiné essentiellement pour les quelques 100 000 passagers habitués à prendre l'avion régulièrement et désireux d'éviter l'attente aux contrôles.
Parafes intervient dans le prolongement de Pégase, système de contrôle biométrique testé depuis déjà plus de deux ans au terminal 2F à Roissy, pour lequel la Commission Nationale Informatique Libertés - Cnil - ne dispose toujours pas aujourd'hui d'une évalutation globale" pourtant " nécessaire avant de procéder à la généralisation du dispositif ".
Une fois recueillies, les informations " sont conservées pendant une durée de 5 ans à compter de leur inscription". Toutefois, les données de personnes qui renoncent au programme sont effacées sans délai, précise edécret paru au Journal officiel le 7 août 2007. En outre, seuls les agents spécialement habilités par la Paf et la Police Nationale chargée du contrôle aux frontières pourront y accéder. Enfin, les données de Parafes seront croisées avec celles du fichier des personnes recherchées - FPR - et du système d'information Schengen.
Or la CNIL a émis de fortes réserves :
- la Cnil déplore le choix de la biométrie et aurait préféré le recours à " une carte à puce individuelle" qui "présenterait de moindres risques par rapport à la protection des données"
- elle demande que l'interconnexion des fichiers ne se fasse que dans un sens, de Parafes vers les deux autres : en effet, il semble peu probable qu'une personne recherchée par la police ou en situation irrégulière décide, de son plein gré, d'intégrer la base de données Parafes
- elle souligne que " le champ d'application du dispositif et donc de l'extension du traitement Parafes se sont pas précisément définis dans le projet de décret(...) par conséquent le champ d'application est potentiellement plus large que la population officiellement visée".
- enfin la Cnil estime que la prise d'empreinte de huit doigts est "excessive", deux auraient été suffisants selon elle.
Quelle est votre opinion sur ce nouveau fichier des passagers aériens ?
Facilité et gain de temps grâce à l'accès aux nouvelles technologies comme la biométrie ?
Ou partagez-vous certaines des mises en garde de la Cnil ?
Volontaire ou réfractaire au fichage biométrique des voyageurs dans les aéroports français ?
La question est souvent posée de la même façon : les libertés individuelles sont-elles encore respectées par l'Etat et ses administrations suite à "l'infiltration de nouvelles technologiques" dans notre vie quotidienne ?